Pour Katia Bengana, paix à son âme

Pour Katia Bengana, paix à son âme

En Algérie, ceux qui dirigent le pays n'ont jamais été légitimes ; l'armée des frontières avait tué, déjà durant l'été 1962, plus de 1000 Algériens pour prendre le pouvoir. Quand au début des années 1990, commence la guerre contre les civils, j'étais journaliste à Alger ; j'ai vu de près l'ébranlement de ce cycle infernal des violences multiples. Irresponsable, la mafia au pouvoir avait encouragé depuis de longues années, les islamistes en les opposant, bien souvent, aux militants de la démocratie, de la culture berbère. Le 28 février 1994, Katia Bengana a été sauvagement éliminée par des islamistes armés à Meftah, près d'Alger. Quel était le tort de cette jeune fille, encore lycéenne ? Son tort, aux yeux des monstres qui ont mis fin à sa vie, est d'avoir refusé de porter le voile. Peut-on tuer une jeune fille ainsi, facilement, pour une raison aussi triviale ? Katia Bengana restera comme un symbole pour tous ceux qui se battent pour la liberté. Il ne faudra pas oublier Katia Bengana, il ne faudra pas oublier toutes les victimes de l'islamisme politique, il ne faudra pas non plus oublier les victimes de la sécurité militaire algérienne. Pour avoir participé à la guerre contre les civils, pour ne pas avoir été capable de déjouer les manipulations de la sécurité militaire, l'islamisme politique est aujourd'hui disqualifié pour prétendre à un quelconque rôle politique majeur. Une autre raison disqualifie également l'islamisme politique, c'est sa participation aux différents gouvernements qui ont ruiné le pays du temps du général Zeroual et du temps des Bouteflika. J'ai aujourd'hui une pensée émue pour Katia Bengana, pour tous les appelés de l'armée algérienne assassinés par la horde sauvage, pour toutes les victimes de la guerre contre les civils qui a fait des dizaines de milliers de morts. Cette guerre contre les civils aurait pu être évitée. Le premier responsable de cette guerre est le régime en place, le second responsable ce sont les islamistes du FIS. La classe politique de l'opposition, tout comme les médias, n'ont pas toujours été à la hauteur pour éviter une telle tragédie...Paix à l'âme de toutes les victimes de cette guerre fratricide...