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Christian Bobin, la quête de lumière...

La quête de lumière de Christian Bobin

Des mots profonds. Christian Bobin ne sait écrire que des mots profonds. Des textes simples pour dire la magie du monde et raconter la passion de vivre malgré l'insoutenable fardeau de l'existence.


Il écrit de petits livres depuis des années et ne veut pas vraiment qu'on parle de lui. Ce n'est pas à Paris qu'il vit. Il vient parfois dans la capitale française mais il ne reste pas longtemps dans cette grande ville qui ne lui inspire pas confiance; il retourne alors dans son petit village dans le Creusot.

Dans Louise l'amour publié chez Gallimard, il continue ses multiples pérégrinations, ses quêtes de lumière, de sagesse, de plénitude et de réconforts. C'est ce qu'il a déjà entrepris dans d'autres livres tels le Très-bas, Tout le monde est occupé ou encore la Part manquante ( l'une de ses meilleures oeuvres ).

" Ma vie a coulé comme de l'eau. Il n'y a pas eu de moment de rupture, d'éclats. C'est comme une longue montée en force. Mais à partir de ce que j'ai longtemps éprouvé comme des faiblesses. Par exemple, l'isolement. Une maladresse dans tout ce qui est public, collectif. Peu de goût pour la vie ensemble. C'était un versant un peu gris. Et puis maintenant, si je regarde, je crois que toute l'écriture vient de là. Pas seulement l'écriture, le goût aussi que j'ai de la vie", raconte Christian Bobin. Ecrire c'est vouloir s'opposer à la douleur de vivre.

"Quand j'écris, les mots me viennent dans la bouche, avant de venir sur la page. Même en écrivant je me tiens au bord de l'oral. Un exemple concret, quand j'écris La Part manquante,
qui est une icône autour de la mère et de l'enfant, et bien je tourne comme un insensé autour des deux. Autour de la fusion des deux. La rencontre a vraiment eu lieu. L'écriture me vient toujours comme ça, du dehors pas du dedans. C'est le dehors qui me rentre dedans. Comme un train fou. Et ça, je l'ai vraiment vu, 30 secondes, je me suis vraiment perdu entre deux gares, d'autant plus perdu fatigué que je n'ai pas le goût de voyager, et cette femme je la vois parler, je suis bouleversé, la rencontre a lieu sans que je lui parle. Je suis sûr que la rencontre a eu lieu. Elle
s'éloigne. Je m'éloigne aussi vers un autre train. Je rentre ici, au Creusot. Je parle à des gens. Je dis voilà. J'ai vu quelque chose. Quelque chose qui m'a beaucoup touché. J'ai senti que quelque chose se déchirait. Et je voyais le lien de la mère aux enfants. Au-delà même, le lien de chacun à sa vie. De moi à ma vie. J'ai commencé à en parler. Mais la parole n'épuisait pas ce que j'avais à dire. C'est à ce moment-là que je commence à écrire", confie Christian Bobin.

Solitaire mais solidaire du reste du monde, Christian Bobin n'ambitionne pas de changer le
monde, il semble espérer apporter un petit bonheur à son lecteur, à quelqu'un qu'il ne connaît même pas. Et cela il le fait depuis les débuts dont il se souvient à peine. " Oui, c'est vrai, un commencement est repérable. Ou alors, ça peut paraître contradictoire, le commencement, c'est dès le début. j'ai tendance à penser que c'est l'enfant de 3 ans qui écrit. Je suis toujours arc-bouté et refusant d'entrer dans les choses qui ne me conviennent pas. Je ne dispose pas de raisons pour expliquer mon refus. Même pour moi-même. Je ne dispose pas de langue pour dire pourquoi je ne veux pas telle chose. Je ne dispose des mots que pour l'écrit. Qui ne sont pas des raisons. C'est celui-là de 3 ans qui écrit. Le vrai commencement est là. L'autre commencement, j'aurai du mal à le dater. C'est une publication aux éditions Brandes. Dès le début, c'est une lettre. Je l'ai trouvée il n'y a pas longtemps. Je l'ai relue. Et ce qui est drôle, c'est que le premier écrit publié dit ceci “Tu me demandes si j'écris encore...”, dit-il.

Il y a peu d'écrivains capables de cohérence autant que Christian Bobin. C'est, entre autres, pour cela que son oeuvre vaut le détour...

Youcef Zirem

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