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Youcef Zirem, Ahcène Belarbi, Djaffar Benmesbah

Youcef Zirem, Ahcène Belarbi, Djaffar Benmesbah

Ahcène Belarbi

"L'écriture est ma raison d'être"

Journaliste et écrivain de talent, Ahcène Belarbi
explore des sentiers que peu de gens empruntent. Ici
sa vision de l'écriture.

Youcef Zirem : Comment êtes-vous venu à l’écriture ?

Ahcène Belarbi : Mes premiers écrits datent de très
tôt, vers les débuts du collège. L’attrait pour la
littérature y est essentiel. C’est même déterminant,
dans la mesure où l’amour de la littérature est
différent de celui de la lecture tout court : les
domaines de lecture sont nombreux et n’incitent pas
tous à l’écriture, ou à la création au sens large du
terme. Ma passion de l’écriture, qui s’avérera, plus
tard, un besoin irrépressible, m’est venue sous
l’impulsion des écrivains français du XIX ème siècle,
mais aussi de Féraoun, Dib, Mammeri, etc. Mon esprit
rêveur et ma sensibilité valétudinaire ont favorisé
l’éclosion d’une introversion errante et foisonnante.
Et ça continue toujours… J’ose dire : l’écriture c’est
ma raison d’être.


Quelles sont les thématiques principales de vos écrits?


Bien que je vive en France, ma source principale
d’inspiration, à l’instar de beaucoup d’écrivains
d’origine algérienne, reste l’Algérie. Mes écrits ont
principalement trait à la période post-indépendance du
pays : l’Algérie dénaturée et spoliée, le malaise
récurrent de la jeunesse, les traditions muselantes,
l’obscurantisme religieux, l’exil forcé, les rêves et
les destins brisés sont les principaux de thèmes que
j’essaie d’exploiter. Bien sûr, l’élément
autobiographique y est incontournable, du moment qu’il
participe d’une période donnée, liée à des événements
vécus de près ou de loin.


Comment voyez-vous la littérature algérienne dans ses
différentes langues ?

Tant que la liberté de création et d'écrire est
aliénée, c'est-à-dire, tributaire de l’idéologie du
système - du moins concernant les maisons d’éditions
nationales -, le champ littéraire algérien restera
amputé de l’essentiel : son âme. La pensée, les idées
ou la vision, bref, l’inspiration d’un écrivain ne se
décrète pas. La rupture commence à s’opérer avec
quelques éditions privées dont il faut saluer les
initiatives, malgré, je suppose, le manque de moyens
appropriés. Concernant les talents, je crois que
chaque époque a, et aura les siens. Sadek Aissat,
Youcef Zirem, Arezki Metref, Ali Malek, Rachid
Mokhtari et quelques autres donnent un nouveau souffle
nouveau à la littérature algérienne d’expression
française, dans ses différents genres. Dans la langue
berbère, certains écrivains comme Salem Zénia et
Rachid Aliche ne sont plus à présenter. Ighil du fru,
le dernier roman de Salem Zénia a eu même le prix de
la Bibliothèque nationale d’Alger, ce qui est une
reconnaissance pour l’auteur et pour la langue
tamazight. L’initiative de Ahcène Mariche pour son
recueil de poésie, Id yukin, démontre l’engouement que
suscite cette langue auprès des jeunes générations. Ce
qu’il faut éviter, à mon sens, c’est l’emploi abusif
de néologismes, qui rendent la lecture abrupte. Quant
aux écrivains arabophones, je n’ai lu que feu
Benhadougua dans la version française. Des jeunes
écrivains d’aujourd’hui, je ne connais malheureusement
personne. Donc aucune opinion là-dessus. Mais pour
qu’une littérature s’épanouisse, il faut et la liberté
d’écrire et les moyens d’édition.

Quels sont vos projets de création ?

Là je suis sur le point d’éditer mon troisième livre
qui s’intitule : Des rêves et des soupirs. C’est un
mélange de pensées intimes et de regards subjectifs
sur les ravages que peuvent générer, dans les esprits
et dans les cœurs, l’étouffement social et l’exil. En
chantier j’ai un ouvrage, composé essentiellement
d’articles et d’interviews, sur l’Année de l’Algérie
en France, et un roman. Ce n’est pas facile de trouver
le temps d’écrire. Plus dur encore de se déconnecter
de la réalité pour immerger dans le sujet à traiter.
Je ne peux écrire que quand l’émotion me submerge et
m’enferme dans une sorte d’état second. Une attitude,
hélas, pas toujours comprise des proches. C’est le
prix à payer.
Propos recueillis par Youcef Zirem en mars 2006

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